jeudi 10 avril 2008

Entretien sur Ricochet

Entretien avec Catherine Leblanc

Réalisé en Décembre


L’auteur Catherine Leblanc aime explorer les formes d’écriture. Elle écrit des poèmes, des récits, des proses courtes mais aussi des albums et des romans publiés chez plusieurs éditeurs. Découvrez cet auteur à travers un entretien de Camille Appert, étudiante en licence professionnelle « métiers de l’édition » à l’ IUT Paris Descartes.



Entretien réalisé par Camille Appert, licence professionnelle « métiers de l’édition », option « bibliothèques », IUT Paris Descartes, promotion 2007-2008.


CA : Quel est votre parcours ?
CL : J’étais une enfant réservée qui vivait par les livres. Très tôt, j’ai été éblouie par la force de la langue, par la poésie et par la magie des mots (Colette, Giono vers 12 ans) J’ai découvert qu’au-delà de l’histoire la langue elle-même nous portait, qu’à elle seule, elle créait tout un monde. Je me suis ensuite intéressée à la psychanalyse et je suis devenue psychologue. L’écriture était là, en sourdine.

CA : Quand avez-vous commencé à écrire ?
CL : J’ai écrit mes premiers poèmes lorsque j’avais dix ans. Pendant longtemps, j’écrivais peu et je montrais peu, puis j’ai obtenu, sur manuscrit, le prix de Poésie Jeunesse 1 999 et le Dé Bleu a publié des étoiles sur les genoux. Cela a été un déclencheur.

CA : Pourquoi ce choix d’écrire pour la jeunesse ?
CL : Mon premier roman, Le problème avec les maths, a d’abord été publié dans une collection adulte aux éditions du Rouergue (avant d’être réédité en 2007 chez Actes Sud Junior). C’est par cette maison d’édition que j’ai découvert l’univers de la littérature jeunesse. Je leur ai proposé mon premier texte d’album, Ma mauvaise humeur. J’ai continué ensuite à écrire pour la jeunesse. Je cherche les moments ou je peux retrouver l’esprit d’enfance, l’étonnement devant le monde.



CA : Comment travaillez-vous ?
CL : Je pars d’une phrase qui me vient, plutôt que d’un « sujet » Ce sont les mots qui me guident, qui entraînent l’idée. Ils m’apparaissent souvent comme la voix d’un personnage que je développe ensuite. Dans mes textes, j’essaie de trouver ce qui est difficile ! Un équilibre entre légèreté et gravité.

CA : Quelles sont vos sources d’inspiration ?
CL : Je m’intéresse aux passages, aux mutations, aux ouvertures. Par exemple dans Rester vivante, Jo, la narratrice, tente de sortir d’une angoisse intense pour aller vers les autres. L’un de mes thèmes important est l’accès à la parole. Dans Ma couleur, le jeune Fathi essaie de trouver des mots singuliers pour parler de sa couleur et de ses parents qui se séparent. Comment accepter d’être ce que l’on est ? Comment supporter les autres ? sont des questions qui sont souvent à l’origine de mes textes.



CA : Comment se passe la collaboration avec les illustrateurs ?
CL : J’aime beaucoup la littérature jeunesse car elle permet justement cette collaboration. Le texte rencontre l’univers d’un illustrateur, c’est souvent un émerveillement. Les mots provoquent une création de l’illustrateur qui, en retour, ouvre à l’auteur de nouvelles perspectives. Aux éditions Où sont les enfants ? C’est une collaboration active, intense avec des discussions et des échanges. C’est vraiment un livre qui s’invente à plusieurs, avec l’éditeur Tieri Briet. (Litli sort en mars) Dans les autres maisons d’éditions, je découvre les planches au fur et à mesure ou parfois tout à la fin, comme le travail d’Olivier Thiébaut, par exemple, qui est magnifique, pour Viens, on va chercher un poème chez Sarbacane.

CA : A quelles occasions rencontrez-vous votre public ?
CL : je fais très peu de rencontres car j’ai peu de temps et j’ai besoin de me concentrer sur l’écriture. Je reçois des messages, je fais quelques signatures. Dans mon travail, j’écoute les enfants (et j’en ai eu aussi 3) !

CA : Combien de livres écrivez-vous par an ?
CL : C’est en 2007 et en 2008 que j’ai publié presque tous mes livres jeunesse, une quinzaine, mais je les avais écrits parfois cinq ans avant. Je travaille surtout sur des formes brèves, des nouvelles par exemple que je regroupe en recueil. Quand j’ai le temps, entre deux albums, j’écris des romans !



CA : Un mot ou une expression qui vous caractérise le mieux ?
CL : Un lecteur m’a envoyé un message en qualifiant mon écriture de « fragilité exacte ». J’aime bien cette expression.

CA : Vous m’avez montré un article du quotidien Le monde « Un âge vraiment pas tendre » datant du 30 novembre 2007, qu’en pensez-vous ?
CL : Les adolescents ont droit à autant de vérité que les adultes. La vie n’est pas toujours tendre. Ce qui compte, c’est la force littéraire d’un texte. Elle fait apparaître l’émotion tout en créant une distance, et permet ainsi de faire face à ce qui autrement pourrait submerger. Elle révèle la singularité de chacun, sa différence à respecter, tout en permettant de rejoindre ce qui est commun à tous.

C’est précieux, indispensable, c’est à défendre et surtout pas à laisser se dissoudre dans un formatage rampant !




Une photo de Sylvie Bonnet





Noir, rouge et blanc
la ville sur les épaules
mais le coeur résiste

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Alors beau voyage Catherine

Anonyme a dit…

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