jeudi 19 novembre 2009

Fragments de bleu, lus par Cathulu


Je remercie Cathulu pour sa lecture chaleureuse et pour l'avoir partagée sur son blog et sur Amazon. ma journée en est toute éclairée ! Cela vaut le coup d'écrire quand on découvre qu'une lectrice a rencontré le texte, l'a compris, l'a senti, l'a aimé !




"On perd un à un des morceaux de soi."

Il est des livres que l'on voudrait garder jalousement pour soi. Parce qu'on a l'impression que l'auteure s'adresse directement à nous, que les mots qu'elle a inscrits sur la page sonnent juste, juste comme on aurait aimé les trouver.
Parce qu'elle parle du temps, de ces fragments de vie, vie que l'on devine au plus près de la sienne, de ces fragments de bleu qui vibrent malgré la douleur du monde , que l'on devine en filigrane mais qui résistent malgré tout.51xFAlchZPL._SL500_AA240_.jpg
Parole d'une femme qui redit son amour de trente ans à l'homme qui l'accompagne. Parole d'une mère pour qui les enfants sont tour à tour et simultanément des adultes en devenir mais aussi le nouveau-né qui a failli mourir.Permanence des émotions par de-là le temps. Richesse des sensations de la vie quotidienne où l'on guette le facteur ,"Je crois toujours qu'il va m'apporter une merveille." où l'on est au plus près des saisons: "Printemps, été , automne, hiver, quatre horizons, quatre voyages, forment des paysages changeants, mobiles, renouvelés. On se replie dans le gris, on se déploie dans les couleurs, on avance, on tourne avec les jours, on marque les temps pour que la valse nous entraîne."
Quant aux mots de l'écriture, "Ce sont des mots gardés, des mots goûtés, des mots sauvés, des mots choisi un à un pour former une flèche touchant au coeur. les mots écrits préservent le silence. Les mots parlés emportent la pensée. le monde est un puzzle dont on détient tous une pièce, un fragment de vérité." Ces mots dont Catherine Leblanc, psychologue auprès d'enfants en difficulté , connaît particulièrement la valeur.
Une écriture fine et précise, lumineuse et généreuse. Une très belle découverte qui va m'accompagner longtemps, j'en suis sûre.
Fragments de bleu, Catherine Leblanc, Editions Oslo, 2008, 143 pages où piocher quand les couleurs semblent vaincues.

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Fragments de bleu, Catherine Leblanc

fragments_de_bleu"Quand surgit la haine dans mon amour, ce qui me sauve, c'est qu'elle ne gagne pas. Quand s'installe la fatigue dans mon amour, ce qui me délivre, c'est ma colère. Le seul état que j'ignore, c'est l'indifférence. Toujours, toujours je te cherche, et chaque fois, tu me trouves."
Une femme se penche sur sa vie, sur son amour déjà vieux de trente ans, sur tout ce qui façonne son quotidien au présent et au passé, sur ce temps qui passe, qui fuit et dont on ne retient souvent que des fragments, des souvenirs, des pans de bleu qui éclairent notre route, notre ciel.
On l'imagine la cinquantaine passée. Et elle avoue, sincère, ces luttes laissée sur le côté, les enfants grandis, ces deuils à intégrer...
Elle s'adresse à son compagnon, mais aussi à elle seule, dans un récit intime attentif à l'instant, vibrant.

On pourrait penser que l'auteure élabore seulement dans son roman un constat de vieillesse mais il n'en est rien... Le récit de Catherine Leblanc annonce délicatement les prémices d'une nouvelle histoire, riche de son passé, vive de nouveaux désirs, une vie emplie de la promesse d'un éternel recommencement.
Rédigé comme un journal, Fragments de bleu se lit très agréablement et résonne de quelques échos en soi. J'en ai aimé l'écriture, vraiment, mais j'en ai parfois aussi regretté le manque de densité (ma soif était-elle trop grande ?)...
Malgré tout, je soupçonne cette lecture d'avoir quelques effets à long terme, de laisser sans y toucher des traces de réflexion en mémoire...alors attendons.
"Bien sûr, on pourrait tout recommencer ailleurs, bien sûr. Mais est-ce qu'on écouterait cette musique qui brise nos coeurs ? Est-ce qu'on serait autant pardonnés, délivrés, simplement couchés là, comme des félins sur le sable, avec notre vie rassemblée, à la fin de la chasse, et dans l'été qui traîne un peu ?"




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Dans ce roman, la narratrice nous chuchote son histoire, elle semble nous parler. En réalité, elle s'adresse à l'homme avec lequel elle partage sa vie depuis trente ans. Tout en finesse et sensibilité, la plume dévoile des fragments de vie au fil du temps et offre  de purs moments de poésie
"Printemps, été, automne, hiver, quatre horizons, quatre voyages, forment des paysages changeants, mobiles, renouvelés. On se replie dans le gris, on se déploie dans les couleurs, on avance, on tourne avec les jours, on marque les temps pour que la valse nous entraîne."
Catherine Leblanc fait l'éloge de la nature, elle évoque également le tourbillon de la vie, celui qui apporte des joies comme celle d'une naissance (la naissance de David m'a beaucoup émue) mais aussi des peines intimes (le départ d'un être aimé, la maladie d'une amie...) et universelles (les guerres, la détresse des réfugiés...).
"L'avenir revenait comme une amande au coeur du présent".

Ce livre est magnifique, je n'avais pas envie de le refermer. Je voulais poursuivre mes petits pas sur le fil invisible de la vie , celle qui offre des "fragments de bleu" comme des pépites, partout dans ce  monde infini.
"Même en lambeaux, la vie repart".
Je tenais à citer dans ce billet un très beau passage, j'ai déjà parlé sur cet espace de mon amour pour les arbres, et ces quelques lignes ont embué mes prunelles
"Viens, je veux rencontrer dans ta bouche la forêt, sentir sous ta peau le battement des rochers. Ecouter ton souffle, entendre l'océan. Reconnaître ton corps, unique au milieu du monde et me laisser emporter.
Viens, l'hiver attendra! le soleil tourne en nous. Eparpille cette paille dorée. Contre le mur, des roses s'ouvrent encore. L'été se brise doucement.
Viens, mon amour, viens dans la beauté des choses. Il y a un espace entre naître et mourir, un fragment de bleu que tu peux descendre du ciel".

J'ai envie de citer chaque page, ce livre est un bijou.

2 commentaires:

immemory a dit…

oui, des retours qui font du bien...
même en pleine lumière, on se demande pourquoi on fait tout ça...écrire, peindre, photographier...
on le fait précisément
pour soi
pour PRENDRE SOIN DES INVISBLES(...) il parait que c'est notre métier...
je me proménerai aujourd'hui sur Angers, pour un reportage photographique qui donnera une expo en décembre...
je garde en moi, la lumière qu'on apporte...
et m'en vais, de ce pas.

Unknown a dit…

prendre soin des invisibles, oui, c'est ça ...

je n'étais pas à Angers ce week-end mais j'ai vu tes photos, j'ai presque senti l'odeur (invisible) du chocolat !