mardi 14 décembre 2010

Panache

Il est apparu 
tout blanc
léger
plus silencieux
que le pas léger de la neige

Il s’est approché de moi
qui ne voulait pas de chat
il a frôlé ma cheville          
et  il a ronronné

Je l’ai soulevé
petit sac chaud
Je l’ai posé
sur mon épaule

Du velours
a touché ma joue
c’était sa patte
si délicate

Il est entré dans ma maison
il a marché sur mes cahiers
il s’est glissé dans mes chaussons

Il s’est assis sur la table
entre les bols et les bougies
et s’est couché sur mon lit
comme une fourrure abandonnée

Il a renversé le lait
ruiné les rideaux
mais je n’ai rien dit

Dès qu’il marchait
ses pas feutrés
allumaient des lampes autour de lui

Il s’est endormi
je l’ai appelé
mais il ne s’est pas réveillé

Il s’est réveillé
je l’ai appelé
mais il  ne s’est pas retourné

C’était un petit chat sourd
qui n’avait que ses yeux
pour prolonger les flammes

Je ne pouvais pas le protéger
des chiens, des voitures
Je ne pouvais pas venir vers lui
dans la barque des voix

Un tout petit chat sourd
qui n’avait que son cœur
au milieu du silence

Il est reparti
sans prévenir
et son absence
a pesé
plus lourd que lui

Je l’ai cherché dans  la nuit
j'ai crié : Panache !

je me suis rappelée
qu'il ne pouvait pas m'entendre.

J'ai répété doucement son nom
Panache....

Je l'ai attendu, lui
le seul chat
qui regardait avec moi les images

Il voyait mieux que les autres

Un matin
il est revenu
tranquille
libre
dansant
un soleil blanc
roulant dans ses flancs

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