Comment ne pas vous présenter ce titre de Catherine Leblanc tant il me paraît abouti sous son apparente simplicité ? Conte randonnée, conte initiatique, le sujet, son texte se prête parfaitement aux pages noires : » le jeune lecteur découvre un animal qui se remet tout à coup en question. Le loup se compare aux animaux des autres espèces et il envie leurs avantages. Il part à leur rencontre, mais s’aperçoit que les autres bêtes ne sont pas non plus satisfaites d’être comme elles sont. Alors, peu à peu, il retrouve … le goût d’être un loup. «
Sujet et personnage classiques s’il en est. Certes. Mais quelle présence ! Bluffée. Par l’approche narrative directe, ce Je, ce monologue du loup, l’intensité de l’émotion. Des phrases courtes, sans emphase, dépouillées, la profondeur de la voix intérieure. Ce loup a quitté la meute. Il s’arrête. Parce qu’il ne sait plus où il va, veut aller. Une lassitude. Immobile, il est confronté aux regards des autres animaux, découvrant chaque fois une image différente de lui, ce que les autres imaginent d’enviable, tout comme lui imagine que…, comment les autres réagissent face à ce qu’il représente. Pour aucun, il n’est le même… Qui est-il ?
Une aventure intime, le retour sur soi avant de pouvoir revenir au monde, retrouver ce goût de la vie, l’appétit de vivre. Oh, titre parfait comme sont parfaites cette mise en évidence des sentiments, cette mise en page, cette mise en image : traits sobres, fins et calligrammes – tracés évocateurs - le doux du jeu graphique ( les mots des couleurs, de la caresse de l’eau, du chat ) accompagne le fort du texte. Le goût des mots.
Dans ce petit livre, Catherine Leblanc donne beaucoup à lire.
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