Merci Jacqueline
Catherine Leblanc, il n’est plus
d’étrangers, L’AMOURIER, 12E
« Il
n’est plus d’étrangers » : le titre cache-t-il un vœu pieux, un rêve,
une utopie dans cet univers où étranger s’associe, pour beaucoup, à la menace, au danger? Utopie que l’auteur
préserve dans sa « maison de mots,
ouverte, accueillante des ombres et
lumières de chacun, passant ou proche, de l’enfant « savant sans le savoir » au mourant
qui consent à rendre les armes mais ne veut pas manquer la dernière
floraison du cerisier. Avec délicatesse, sensibilité, l’auteur capte la
singularité d’une personne, la fulgurance d’un moment.
La psychologue écoute aussi ceux qu’on appelle
fou, respecte leur silence « qui
n’est pas une impossibilité à parler ». « J’apprivoise des méfiants, des sauvages. Ils me reposent de ma propre
sauvagerie. Je croise des êtres qui m’ignorent et ça ne me dérange pas, car
l’instant où je les rencontre rattrape tous les autres ».
La
rencontre suppose de retrouver ou de faire surgir cette part d’humanité qui
nous est commune tout en reconnaissant cet étrange étranger qui se cache au creux de nous-mêmes.
Et
écrire exige l’abandon des pelures pour laisser faire la langue dans ses
mélopées, ses bercements, à l’écoute des voix d’autres écrivains : « Il existait des liens secrets, des
ferveurs en partage. ». Partage, mot essentiel qui humanise « ce monde de bruit et de fureur ».
Avec
la lettre muette de son nom, Catherine Leblanc a découvert que ce qui ne
s’entend pas, que ce qui s’ignore
compte. « Le geste d’écrire commençait là » et se poursuit ici
dans des fragments de prose brève donnant de l’espace et de l’air au lecteur,
l’incitant à rejoindre Issa (mis en exergue) : « à l’ombre des
fleurs de cerisier/où /il n’est plus/ d’étrangers ».
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