Je recommence à écrire de petits portraits, comme dans Rencontres ou dans Parole première...
Un homme qui ne fait rien
Des journées entières à regarder un arbre. Il est trop passif pour vivre dans un roman. Le lecteur ne le comprendrait pas. Ce serait pourtant dommage de l’ignorer, il côtoie des secrets. Il peut apparaître dans un fragment.
Cet immobile connait la lumière vibrante du matin et celle plus dure et plus sèche de l’après-midi. Il ne veut pas rater la si brève floraison, n’est jamais sûr de la revoir. Il contemple la transparence des feuillages, leurs nuances, leur animation légère. Un souffle passe en eux et emporte une poignée de pétale qu’il disperse. Les fleurs du cerisier du Japon, blanches, s’envolent comme un rassemblement de papillons. Elles semblent fêter de très jeunes mariés, offrent toute la fraîcheur d'une aspersion d’écume. Les oiseaux se répondent. Cette vie profuse lui suffit.
Un cadre dynamique
Il est habitué à la richesse. Il croit que c’est normal. Il est habitué aux services. Il croit que c’est logique : puisqu’il paye, il y a droit. Il est habitué à la vitesse, à la facilité, à ce que ses vœux soient exaucés. Il croit que c’est naturel, que c’est dû à ses qualités particulières, à un don inné. Certains jours, il trouve qu’il n’est pas reconnu à sa juste valeur. Les journées sont trop petites pour tout contenir, les problèmes trop nombreux pour tergiverser. Il avance. Aucun espace vide n’apparaît dans son emploi du temps, c’est à la fois rassurant car il n’a aucune question à se poser sur l'enchaînement de ses actes, et inquiétant soudain, car il ne sait plus si c’est cette vie qu’il avait souhaité.
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